L’abbé Pierre accusé d’agressions sexuelles : une légende ternie par de nouveaux témoignages

Actu Loire

Alors que l’abbé Pierre incarnait pour des générations la lutte contre la pauvreté, de nouvelles révélations troublantes ébranlent cette figure adulée. Selon un rapport du cabinet Egaé, commandé par la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs, 17 nouveaux témoignages d’agressions sexuelles viennent accabler celui qui était considéré comme un héros social.

Dix-sept ans après la mort de l’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, l’image du prêtre bienveillant et protecteur vacille. Un second rapport, commandé par la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs au cabinet Egaé et publié début septembre, vient dévoiler de nouveaux témoignages glaçants. En tout, 17 victimes supplémentaires rapportent des violences sexuelles subies aux mains de celui que l’on croyait irréprochable.

Ces témoignages s’ajoutent aux accusations déjà portées contre lui dans un premier rapport publié en juillet dernier. Les violences décrites, qui concernent à la fois des femmes majeures et mineures, se seraient principalement déroulées dans les années 1960 et 1970, mais certains faits datent des dernières années de vie du prêtre, mort en 2007.

Une série d’abus sexuels à l’étranger

Parmi les accusations les plus choquantes, certaines remontent à des voyages internationaux effectués par l’abbé Pierre. En 1956, à Rabat, au Maroc, une jeune femme de 18 ans, appelée I., aurait été forcée de masturber le prêtre. L’année précédente, en 1955, à New York, une autre femme, K., affirme avoir échappé à une tentative d’agression sexuelle lors d’un déplacement du religieux. Ces récits révèlent une continuité des abus au fil des décennies, avec une différence d’âge souvent marquée entre le prêtre et ses victimes.

Des victimes parfois très jeunes

Parmi les récits les plus troublants, on retrouve ceux de victimes particulièrement jeunes. Ainsi, une jeune fille de seulement 8 ans raconte avoir été la cible de gestes déplacés en Île-de-France dans les années 1970. D’autres témoignages mentionnent des baisers forcés ou des attouchements, certains sur des femmes âgées d’à peine 15 ans. L’un des récits fait état d’agressions répétées sur une jeune fille dans la région Centre alors qu’elle participait à un camp de jeunes en 1966. Elle avait 17 ans à l’époque.

Le silence de l’institution

Malgré les multiples alertes émises au fil des ans, l’abbé Pierre n’a jamais été inquiété de son vivant. Un témoignage rapporte qu’en 1995, une victime avait alerté les responsables de la communauté Emmaüs après avoir subi des attouchements. Leur réaction ? Un silence lourd, laissant penser qu’un système de protection avait été mis en place autour du prêtre. Une autre victime, salariée à Emmaüs, avait fait part d’abus en 1992. Là encore, rien n’avait été fait. Le silence complice de l’institution a ainsi permis à l’abbé Pierre de continuer ses agissements en toute impunité.

Quelles suites judiciaires possibles ?

L’abbé Pierre étant décédé depuis 2007, il ne peut plus être poursuivi pénalement. La plupart des faits sont, de plus, prescrits. Toutefois, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer l’ouverture d’enquêtes symboliques, afin que les victimes puissent être entendues. « Il est important que les femmes qui témoignent soient entendues par la justice », a déclaré Violaine de Filippis-Abate, cofondatrice du collectif Action juridique féministe.

Des recours civils restent envisageables, notamment contre la succession de l’abbé Pierre ou les structures pour lesquelles il a travaillé. Il pourrait être question de responsabilité pour « négligence » ou de « faute pour inaction ». Le délit de non-dénonciation, passible de trois à cinq ans de prison, pourrait aussi être envisagé contre certaines personnes au courant des faits sans avoir agi.

Un nom terni pour toujours ?

La Fondation Abbé Pierre a déjà annoncé qu’elle allait changer de nom, un symbole fort de rupture avec ce passé désormais entaché. Elle a également mis en place une commission d’experts indépendants pour comprendre comment un homme, adulé pour sa lutte contre la pauvreté, a pu agir en prédateur pendant plus de cinquante ans sans être inquiété. La chute de l’abbé Pierre, figure autrefois intouchable, est désormais complète, laissant un profond malaise chez celles et ceux qui croyaient en lui.

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