Le départ soudain de Thierry Breton de la Commission européenne, lundi, a suscité de nombreuses interrogations, notamment sur la gouvernance de la présidente Ursula von der Leyen. Breton, critiquant son leadership comme “douteux”, a également remis en question le poids et la responsabilité de la France au sein de la Commission.
Le poste de son successeur, Stéphane Séjourné, semble plus restreint. La direction que prendra l’Europe dans le domaine numérique, un secteur où Breton était très influent, est également en suspens.
Breton, qui avait irrité les géants du numérique par ses régulations, a notamment reçu des adieux ironiques d’Elon Musk. Toutefois, le numérique va bien au-delà des relations tendues avec ces grandes entreprises : les questions d’intelligence artificielle, de cybersécurité, de désinformation et du cloud sont autant de sujets cruciaux pour l’avenir numérique de l’Europe. Il a montré son ambition de réguler par tous les moyens le « Far West numérique » qui prévalait en Europe, dominé par les grandes plateformes technologiques étrangères, auxquelles il semblait jusque-là assez compliqué d’imposer des lois.
Sa remplaçante, Henna Virkkunen, est attendue au tournant. Ancienne eurodéputée, elle connaît les dossiers mais devra faire face à des pressions croissantes, notamment si Donald Trump revenait au pouvoir aux États-Unis. Les tensions transatlantiques sur la liberté d’expression et la régulation des GAFAM pourraient remettre en cause les avancées européennes dans le numérique. Dans ce contexte, il s’avère qu’il appartient aux eurodéputés de jouer un rôle clé dans la protection des intérêts européens et de s’opposer à une dérive atlantiste en matière de régulation technologique.