Après dix-huit mois de travaux, la chapelle de la Vierge de l’église Saint-Sulpice (6e) resplendit comme jamais. Sa magnifique coupole était notamment au centre de la restauration. Visite de fin de chantier.
Une histoire mouvementée
L’édification de la chapelle de la Vierge débute vers 1646 sous l’impulsion du prêtre Jean-Jacques Olier. Après un premier décor mis en place à la fin du XVIIe siècle, c’est son successeur, le curé Jean-Baptiste Languet de Gergy, qui relance un chantier ornemental de très grande ampleur. Celui-ci va s’appuyer sur les meilleurs artistes de l’époque.
Le décor de la voûte est réalisé par François Lemoyne, qui y reproduit L’Assomption de la Vierge, de 1730 à 1732. Pour le visiteur, la composition donne l’impression que le plafond s’ouvre sur le ciel. Autour de la Vierge, une centaine de personnages peuple la surface peinte. À la base de la coupole, une couronne d’angelots sculptés tenant des guirlandes de fleurs et de fruits est l’œuvre des frères Slodtz, célèbres artistes de la cour de Versailles. À partir de 1748, les murs de la chapelle ornés de marbres et de chapiteaux dorés s’enrichissent de quatre toiles de Carle van Loo.
Mais, dans la nuit du 16 mars 1762, l’incendie de la foire Saint-Germain endommage gravement l’édifice : la charpente et la fresque de Lemoyne subissent d’importants dégâts. La restauration de la chapelle ne commence qu’en 1774 avec une nouvelle génération d’artistes. Ils recomposent la structure et le décor du site au service d’une mise en scène spectaculaire.
L’architecte Charles de Wailly crée une deuxième coupole ouverte, en bois, à travers laquelle on voit le décor peint par Lemoyne. Surmontant le maître-autel, une niche, éclairée par des fenêtres dissimulées, est aménagée pour accueillir la statue Vierge à l’enfant, de Jean-Baptiste Pigalle.
Durant la guerre franco-prussienne (1870-1871), un obus perfore la coupole de la chapelle. Dès l’année suivante, les frères Maillot sont chargés de restaurer les décors subsistants.
Très encrassées, assombries par les incendies, des décennies d’empoussièrement et de pollution atmosphérique, les peintures ont à présent retrouvé tout leur éclat. Le chantier de la restauration, entrepris de septembre 2022 à juin 2024, a mobilisé des dizaines de conservateurs-restaurateurs pour redonner vie à ce décor grandiose, dont 373 mètres carrés de peintures.
Les opérations de conservation ont dû être adaptées à la grande diversité des matériaux et aux pathologies des décors. Par ailleurs, ce chantier a permis de faire une découverte majeure : sous les multiples repeints des siècles passés, la fresque de Lemoyne était toujours bien présente. Cette technique, rare en France à l’époque, était en effet très difficile à maîtriser, surtout dans les conditions climatiques du nord de la France.
Un chantier ambitieux
Avec un budget de 2,35 millions d’euros, dont 1,5 million issus du mécénat et 850 000 euros financés par le Budget Participatif, les travaux ont mobilisé des équipes spécialisées pour traiter chaque détail avec soin pendant les vingt-deux mois du chantier.
La chapelle de la Vierge a été restaurée par la Ville de Paris, avec le soutien de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris, grâce à la générosité de monsieur et madame François Pinault, en mémoire de leur fille, Florence Rogers (1963-2021).