Aujourd’hui : Ceux qui ont façonné nos façades : Joanny Morin
Pour le piéton urbain, la façade est l’équivalent des parois du canyon du Colorado pour le marcheur audacieux qui va explorer les gorges. La différence, c’est que les façades ne sont pas le fruit de la nature mais celui de l’imagination des architectes. Joanny Morin est un de ceux qui a ainsi façonné le décor du promeneur stéphanois. Moins connu que les Lamazière, il nous a quand même légué quelques pièces.
Fils d’un employé et d’une lingère, Joanny Morin, né le 21 janvier 1865, suit une formation à l’École des Beaux-Arts de Saint-Étienne où il reçoit des premiers prix entre 1881 et 1884. Même s’il révèle de grandes prédispositions pour les études et l’exercice de la profession d’architecte, il ne pourra pas aller au bout de ses études, faute de moyens financiers. Néanmoins, il entre au service de la voirie municipale le 22 septembre 1891 et gravit les échelons de la hiérarchie pour en devenir le sous-directeur en 1919.
Sa réalisation la plus visible dans le paysage stéphanois est sans doute l’immeuble dit de «La Martre de France ». Il trône au 2 de l’avenue de la Libération. Il est un des premiers à être construit au long de la nouvelle avenue qui vient d’être percée de manière à relier le centre-ville à la gare de Châteaucreux. Erigée entre 1906 et 1907 pour Preynat-Séauve, commerçant et juge honoraire à la Chambre de Commerce de Saint-Etienne, « La Martre de France » est l’expression la plus aboutie de l’architecture art nouveau de Joanny Morin.
Ici, l’architecte multiplie les références du Modern Style avec l’emploi de motifs floraux dans les encadrements, ouvertures, montant en pierre des balustrades, motifs de ferronneries, frises de fleurs de tournesol le long de la façade.
Sa confection a nécessité des matériaux d’exception : le béton armé, le ciment moulé ainsi que l’ardoise pour couverture. L’immeuble de rapport est d’ailleurs l’un des tous premiers édifices stéphanois à être conçu en béton armé.
Jusqu’en 1911, le RDC accueillait les stores et terrasses du Grand Café, puis Samuel Nahon ouvre un magasin de fourrures, du nom de « Martre de France ». Au rez-de-chaussée et au premier étage, étaient installés les ateliers de finitions et les salons d’essayages et d’exposition. Le magasin a fermé en 1985. En dehors de cette réalisation la plus marquante, Joanny Morin nous a légué une dizaine d’autres œuvres encore bien visibles, parmi lesquelles on peut citer :
– L’immeuble du square Massenet, dit « immeuble Art Nouveau », doté d’une box-window »
– Un immeuble situé au 5 rue traversière, au registre décoratif assez proche du précédent.
Joanny Morin nous a laissé également quelques traces dans le mobilier urbain, notamment la rampe de l’escalier qui conduit au Crêt de Roc. Lui, qui a contribué à sculpter notre décor, attend toujours qu’on lui attribue, une rue, une place ou une impasse.
à lire aussi : http://koopole.blogspot.fr/2010/10/immeuble-preynat-seauve-de-joanny-morin.html
Pierre Mazet (http://www.pierre-mazet42.com/) auteur de nombreux Polars et passionné d’Histoire nous présente des stéphanois dont parfois nous ignorons l’existence…
Et puis d’autres dont on ne sait pas toujours qu’ils sont stéphanois.