Les cabinets d’avocats s’en prennent aux médias indépendants en leur réclamant des sommes astronomiques pour des photos sous licence. Cette pression financière soulève aussi la question des conditions de travail et de rémunération des photojournalistes.
Les médias indépendants, déjà fragilisés par une économie précaire, sont désormais confrontés à une pression nouvelle : celle de cabinets d’avocats qui leur réclament des sommes considérables pour l’utilisation de photos sous prétexte de droits d’auteur. Le modèle ? Des menaces répétées par courriel et courrier, sans toutefois engager de poursuites. Derrière cette pratique, certains dénoncent une forme de harcèlement visant à extorquer des petits médias.
Cette situation soulève des questions sur les pratiques des agences de presse elles-mêmes. En effet, ces sommes réclamées — parfois jusqu’à 2000 euros par photo — dépassent de loin ce que la plupart des photojournalistes perçoivent réellement pour leur travail. La plupart des pigistes ou journalistes d’agences, dont le métier implique des risques et une disponibilité constante, toucheraient rarement une telle somme pour une photo. Cette disparité met en lumière l’exploitation de nombreux journalistes, qui reçoivent des rémunérations insuffisantes, tandis que les agences maximisent les profits en réclamant des indemnités exorbitantes aux médias indépendants.
En attaquant les médias plus modestes, qui peinent déjà à maintenir une ligne éditoriale indépendante, les cabinets d’avocats et certaines agences de presse contribuent à affaiblir une information diversifiée. Cette tendance risque d’entraîner une concentration de la diffusion de l’information entre les mains de quelques grands groupes. Quant aux photojournalistes, ils se retrouvent doublement lésés : d’un côté, par un système qui les sous-paie, et de l’autre, par des pratiques qui dévalorisent leur travail tout en empêchant les médias indépendants de leur donner une tribune.
La question salariale des photojournalistes, ainsi que la pression exercée sur les petits médias, méritent une attention urgente. Pour protéger la liberté d’informer, il est essentiel de soutenir les médias indépendants et de s’assurer que les photojournalistes soient justement rémunérés pour leur travail, sans que leurs photos ne deviennent l’outil de stratégies de harcèlement.