Dès septembre, près de 200 collèges en France vont tester l’interdiction totale des téléphones portables. Une initiative de la ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, qui vise à lutter contre le cyberharcèlement et améliorer le climat scolaire.
À la rentrée de septembre, environ 200 collèges français vont expérimenter une mesure radicale : l’interdiction totale des téléphones portables au sein de leurs établissements. Cette initiative, annoncée par la ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, lors de sa conférence de presse de rentrée le 27 août, vise à réduire l’exposition des élèves aux écrans et à prévenir les violences en ligne, notamment le cyberharcèlement.
‘utilisation du téléphone portable peut nuire à la concentration des élèves, à leurs apprentissages et à la qualité de la vie collective à l’école et au collège. À compter de la rentrée 2018, l’utilisation du téléphone portable et d’objets connectés dans l’enceinte de l’établissement ou au dehors pendant une activité scolaire est interdite.
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Un dispositif expérimental et flexible
L’expérimentation, qui concernera près de 50 000 élèves, est volontaire et laisse à chaque collège la liberté de définir ses propres modalités. Certains établissements pourront ainsi demander aux élèves de déposer leurs téléphones à l’entrée, dans des casiers sécurisés, tandis que d’autres pourront utiliser des pochettes anti-ondes. « Les établissements qui le peuvent utiliseront du matériel déjà présent », précise le ministère, tandis que les départements pourront être sollicités pour financer les équipements nécessaires. Il est important de noter que l’État ne participe pas au financement de cette expérimentation.
Des sanctions encore floues
Le ministère a insisté sur la nécessité de modifier les règlements intérieurs pour inclure cette interdiction. En cas de non-respect, les sanctions devraient être adaptées et graduées, allant de la simple punition scolaire à la confiscation de l’appareil. Les sanctions plus lourdes, comme les mesures disciplinaires, ne sont pas exclues, mais elles restent à la discrétion des établissements.
Une généralisation dès janvier 2025 ?
Nicole Belloubet a annoncé la possibilité de généraliser cette « pause numérique » dès janvier 2025, bien que cette perspective suscite des inquiétudes parmi les professionnels de l’éducation. Le calendrier semble précipité pour certains, qui pointent le manque d’évaluation préalable des effets de cette mesure. « On passe notre temps à évaluer les élèves, mais on est incapables d’évaluer nos réformes », dénonce Nicolas Bonnet, proviseur et membre du SNPDEN-Unsa.
Réactions contrastées des professionnels
Si l’idée de réduire le cyberharcèlement séduit, sa mise en œuvre inquiète. Des experts soulignent la complexité logistique de l’interdiction, nécessitant des moyens financiers et humains supplémentaires. Certains s’interrogent également sur l’efficacité réelle de cette mesure, rappelant que le cyberharcèlement se produit souvent en dehors du cadre scolaire, lorsque les élèves sont chez eux.
Malgré ces critiques, certains estiment que toute expérimentation visant à réduire l’exposition aux écrans est positive. « Moins on a d’outil numérique dans les mains, moins on a la tentation de harceler », souligne Samuel Comblez, directeur des opérations de l’association e-Enfance/3018.