Un an après l’assassinat de Dominique Bernard par un ancien élève, la ville d’Arras a rendu hommage au professeur de lettres lors d’une cérémonie empreinte d’émotion. Des milliers de personnes se sont rassemblées pour honorer sa mémoire et affirmer leur solidarité face à la barbarie.
Le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur de lettres, perdait tragiquement la vie dans l’enceinte du lycée Gambetta-Carnot à Arras, victime d’un attentat terroriste. Un an plus tard, plus de 2000 personnes se sont réunies sur la place des Héros pour lui rendre hommage lors d’une cérémonie émouvante.
Un rassemblement de solidarité sous le signe de la culture
Sous un ciel ensoleillé, la place des Héros à Arras a été le théâtre d’un hommage vibrant à Dominique Bernard, enseignant de 57 ans, poignardé par un ancien élève, Mohammed Mogouchkov. L’émotion était palpable alors que des performances artistiques, mêlant musique, danse et peinture, rappelaient l’importance de la culture face à la violence.
Depuis une tribune baignée par le soleil, le maire d’Arras, Frédéric Leturque, a été le seul à s’adresser à la foule : « Un an plus tard, nous sommes toujours debout, toujours dans l’incompréhension, et toujours ensemble. » Les mots du maire ont résonné dans les cœurs des participants, rappelant la nécessité de rester unis face à la barbarie.
Une artiste a réalisé en direct une toile portant la devise « liberté, égalité, fraternité », tandis qu’une colombe s’élevait en symbole de paix. Pour Frédéric Leturque, « la vie est notre combat, la culture l’arme la plus forte et l’école le lien sacré qu’on doit protéger ».
Une cérémonie empreinte de solennité et de dignité
La cérémonie a vu la participation de trois ministres, Didier Migaud (Justice), Bruno Retailleau (Intérieur) et Anne Genetet (Éducation nationale), ainsi que de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal. L’ensemble de la communauté éducative du lycée Gambetta-Carnot était également présent, une rose blanche à la main en signe de recueillement.
Bruno et Émilie, parents d’élèves, ont expliqué l’importance d’être présents avec leur fils Arthur : « C’est important de montrer qu’on fait bloc collectivement. La ville a été très marquée par cet attentat. Tous les enfants avaient été confinés ce jour-là, c’est très concret pour nous. »
Le témoignage bouleversant d’un ancien élève
Noah, 16 ans, était élève au lycée Gambetta-Carnot lors de l’attentat. Encore sous le choc, il a exprimé son besoin d’être présent pour cet hommage : « On ne devient pas professeur pour se faire tuer. Dominique Bernard n’avait fait que son métier. C’est important de montrer que rien ne peut faire tomber la République, même si la peur est toujours là. »
La veuve de Dominique Bernard appelle à l’action par la culture
Isabelle Bernard, veuve de Dominique, a décidé de placer cet hommage sous le signe de la culture. Dans une interview accordée à Le Monde et La Voix du Nord, elle confie : « Je ne veux plus de discours. À quoi bon ? Tout a été dit. » Elle avait souhaité que l’art et la mémoire soient au centre de cette commémoration, symbolisant la résistance à la barbarie par la culture.
Son courage et ses mots ont été salués par Michel Dollet, maire de Boiry-Becquerelle, commune voisine : « Sa réponse à la barbarie est une leçon pour tout le monde. »