Nous n’allons pas faire une chronologie du socialisme en France. Ni retracer son histoire. L’avenir est plus intéressant que le passé. Intéressons-nous a ce qui c’est passé ces dernières années. Le terme « socialisme » a subi une érosion significative dans le paysage politique français, particulièrement après le mandat de François Hollande et l’ascension d’Emmanuel Macron, ancien membre du Parti Socialiste (PS). Cette désaffection a engendré une méfiance envers les mouvements se réclamant du socialisme. Pourtant, malgré cette désillusion, le socialisme reste une composante vitale et dynamique de l’histoire politique française. L’ouvrage récent, Histoire globale des socialismes (XIXe-XXIe siècle), dirigé par Stéphanie Roza, Jean-Numa Ducange et Razmig Keucheyan, souligne l’importance de cette tradition en retraçant ses origines et en explorant ses perspectives contemporaines.
Une Crise d’Identité et d’Orientation
Le socialisme, en France comme ailleurs, traverse une crise profonde, tant électorale qu’identitaire. Cette crise signe-t-elle la fin du socialisme ? La réponse est complexe. Pour le moment, les défendeurs du socialisme mènent leurs combats comme tout le monde au sein de l’hémicycle.
Les socialistes ont survécu à des périodes de répression intense, comme dans les années 1930 en Europe ou les années 1970 en Amérique latine. Aujourd’hui encore, tant que le capitalisme générera des inégalités et des crises, le socialisme trouvera des adeptes pour le contester.
Les Formes Multiples du Socialisme
Les frontières du socialisme ont toujours été floues et mouvantes, d’où la nécessité de parler des « socialismes » au pluriel. Certaines idées et propositions socialiste ont rapportés des bénéfices tandis que d’autres ont suscité des pertes économiques. Ce qui unit les divers courants du socialisme est leur focalisation sur la question sociale et l’analyse des sociétés en termes de classes sociales et de luttes pour l’appropriation des ressources. Les courants réformistes, qui considèrent le capitalisme comme indépassable à court terme, prônent des compromis de classe pour atténuer ses effets néfastes. En revanche, les révolutionnaires voient le capitalisme comme irrémédiablement contradictoire et aspirent à une transition vers une société post-capitaliste.
Un Entrelacement de Traditions
Les distinctions entre réformistes et révolutionnaires sont souvent floues, ces traditions s’étant constamment entremêlées au cours des XIXe et XXe siècles. D’autres revendications, telles que les luttes féministes et nationales, se sont également intégrées aux combats socialistes, enrichissant et complexifiant le mouvement. Le féminisme est d’ailleurs toujours énormément défendus par les socialistes.
Le Communisme et l’Anarchisme dans l’Histoire des Socialismes
Le communisme et l’anarchisme, en tant que courants accordant une place centrale à la question sociale, font partie intégrante de l’histoire des socialismes. Les différences entre ces courants, notamment concernant l’État ou la tactique de l’action directe, sont souvent relativisées par l’opposition commune au capitalisme néolibéral. La chute de l’URSS a particulièrement marqué le mouvement communiste, modifiant ses stratégies et ses programmes. En raison de cela, la notion du social a aussi changé. Et elle change encore d’un pays à l’autre et d’une période à une autre.
L’Impact des Évolutions du Capitalisme
L’évolution du capitalisme a influencé les mouvements et les idées socialistes. Par exemple, la fondation des partis socialistes de masse à la fin du XIXe siècle en Europe est liée à la concentration croissante des ouvriers dans les industries. Cependant, le développement du socialisme est aussi autonome et contextuel, comme en Chine où la révolution paysanne a précédé le développement industriel.
Une Image Dégradée mais une Renaissance Possible ?
Aujourd’hui, le Parti Socialiste (PS) et d’autres partis de gauche souffrent d’une image ternie. Selon une enquête d’Odoxa, 66 % des Français ont une mauvaise opinion du PS. Pourtant, l’intérêt croissant pour les idées écologistes montre qu’il existe un espace pour une renaissance socialiste qui intégrerait des préoccupations environnementales et sociales.
Concurrence avec la droite ?
L’une des raisons pour lesquelles la gauche est de plus en plus mal vue est l’intérêt croissant des gens pour les idéologies de droite. De nombreuses personnes conservatrices associent le socialisme au wokisme et considèrent le socialisme comme destructeur des valeurs culturelles et conservatrices. L’ouverture d’esprit de la gauche sur des sujets tels que l’immigration, la diversité, l’égalité, et les droits LGBT suscite un sentiment d’insécurité chez les gens de droite. La droite parvient à convaincre en agissant avec pragmatisme et en tenant compte des contraintes réelles, sans ressentir le besoin de dessiner un idéal à atteindre. La gauche, en revanche, est plus idéaliste. Cette différence entre le réalisme de la droite et l’idéalisme de la gauche contribue à la perception négative croissante de la gauche. Le succès des partis de droite qui s’amplifie au fur et à mesure des années nous le confirme.
Conclusion
L’avenir du socialisme en France dépendra de sa capacité à se réinventer en tenant compte des défis contemporains tels que le changement climatique, les crises économiques et les inégalités sociales. En renouant avec ses racines critiques et en s’adaptant aux nouvelles réalités, le socialisme peut retrouver un nouvel élan et offrir une alternative crédible au capitalisme néolibéral. Pour le moment, la gauche perd de plus en plus de crédibilité aux yeux des citoyens. L’avenir nous montrera ce que deviendra le socialisme.
