Jeudi 30 mai, une grève massive des pharmaciens est prévue en France, orchestrée par deux syndicats majeurs, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Soutenue par l’Ordre national des pharmaciens, cette mobilisation vise à alerter le gouvernement sur les graves difficultés économiques et les pénuries de médicaments que connaît la profession.
Une situation économique critique
Depuis la fin de la pandémie de Covid-19, les pharmacies peinent à maintenir leurs activités face à l’inflation galopante. « Depuis la fin de la Covid, on n’arrive plus à conjuguer l’inflation avec notre activité », témoigne Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. En janvier, 36 pharmacies ont fermé leurs portes, et des experts estiment que cette crise pourrait entraîner le licenciement de 20 000 à 25 000 pharmaciens à terme. Une réforme de la sixième année d’étude de pharmacie, attendue depuis huit ans, pourrait apporter un renfort indispensable, mais elle se fait toujours attendre.
Pénuries de médicaments
La pénurie de médicaments est un autre sujet de préoccupation majeur pour les pharmaciens. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les ruptures de stock ont augmenté de 30,9 % en 2023. En janvier 2024, pas moins de 4925 signalements de ruptures ou de risques de ruptures ont été enregistrés. Pierre-Olivier Variot cite les pénuries de cortisone et de doliprane comme des exemples alarmants de cette situation.
Inquiétude face à la dérégulation et la vente en ligne
Les pharmaciens s’inquiètent également des rumeurs concernant une possible dérégulation du réseau officinal, notamment la vente de médicaments sur Internet. « Les médicaments vont devenir des biens de consommation et c’est dangereux », avertit Pierre-Olivier Variot. Une libéralisation de la vente en ligne, soutenue par l’économiste et député Renaissance Marc Ferracci, pourrait entraîner la disparition des pharmacies de proximité, au profit de plateformes de type Amazon.
Négociations en cours
La grève de jeudi pourrait être massive, avec jusqu’à 90 % des pharmacies fermées dans certains départements, selon les estimations des syndicats. Toutefois, des réquisitions pourraient être faites pour assurer un service minimum. Le ministère de la Santé, tout en jugeant la grève injustifiée, a rappelé que la rémunération des pharmaciens a augmenté de 20 % depuis 2019, atteignant 7,3 milliards d’euros en 2023. Les négociations en cours depuis décembre 2023 portent sur une revalorisation des honoraires de 10 % et des améliorations des conditions de travail.
Un enjeu pour le réseau de santé public
La fermeture des pharmacies met en lumière un enjeu crucial pour la santé publique en France : le maintien d’un réseau d’officines accessible à tous. La disparition progressive des pharmacies pourrait transformer le paysage de la santé, favorisant les grands centres commerciaux au détriment des zones rurales. Jeudi, des pharmacies de garde ou réquisitionnées assureront l’accès aux médicaments, malgré la grève.
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