Depuis mardi, Melle, dans les Deux-Sèvres, est le théâtre d’un rassemblement tendu autour des projets de mégabassines, suscitant des craintes d’affrontements avec les forces de l’ordre massivement mobilisées.
Dans un contexte de vives tensions, le débat sur la gestion de l’eau est éclipsé par les préoccupations sécuritaires. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a exprimé des inquiétudes quant à de possibles actes de violence, réfutées vigoureusement par le collectif Les Soulèvements de la Terre rapporte Le Monde.
Le “village de l’eau”, érigé temporairement à Melle, accueille des manifestants venus de toute la France ainsi que de pays voisins. Conférences et débats sont au programme, axés sur la souveraineté alimentaire et la justice dans la répartition des ressources hydriques.
Les autorités locales ont réagi en interdisant plusieurs manifestations prévues, citant des préoccupations de sécurité après des précédents incidents violents. Les tensions demeurent vives entre les organisateurs et les forces de l’ordre, malgré les appels à un dialogue pacifique.
La controverse autour des bassines d’irrigation en France : une solution viable ou un problème environnemental ?
Les réserves d’irrigation agricoles, souvent appelées “bassines”, sont au centre d’une polémique intense en France, exacerbée par les violences lors des mobilisations à Sainte-Soline. Ces structures sont-elles une réponse adéquate aux pénuries d’eau estivales ou symbolisent-elles une mauvaise adaptation au changement climatique ?
Voici une exploration approfondie de cette question en dix points clés.
- Définition et fonctionnement des bassines
Les bassines sont des réservoirs artificiels utilisés pour l’irrigation agricole. Elles sont remplies par pompage d’eau des nappes phréatiques ou rivières, contrairement aux barrages classiques qui se remplissent naturellement. Ces réservoirs sont critiqués pour ne pas remplir les fonctions écologiques des réserves naturelles d’eau. - Présence en France
Il existe entre 1 000 et 2 000 projets de bassines en France, principalement initiés dans les régions de Nouvelle Aquitaine et Pays de la Loire, des zones à déficit hydrique chronique exacerbé par l’irrigation intensive. - Justification des bassines
Les bassines visent à stocker l’eau durant les périodes de pluie abondante pour utilisation pendant les mois secs, afin de réduire la pression sur les nappes et cours d’eau en période de sécheresse. Ce système est présenté comme un moyen de sécuriser le rendement agricole tout en limitant les conflits d’usage de l’eau en été. - Décision et financement
Les projets de bassines sont portés par des groupements d’agriculteurs et nécessitent une autorisation étatique. Les agences de l’eau, qui financent jusqu’à 70% du coût grâce aux redevances collectées sur les factures d’eau, jouent un rôle crucial. - Contreparties demandées aux agriculteurs
En échange du soutien financier, les agriculteurs s’engagent à prendre des mesures compensatoires écologiques. Cependant, la mise en œuvre de ces mesures est souvent insuffisante, conduisant à des critiques sur l’efficacité réelle de la politique de l’eau. - Gestion de l’eau
Une fois stockée, l’eau des bassines est techniquement privatisée, car elle devient la propriété des irrigants. Cette gestion soulève des questions sur l’accaparement des ressources et sur l’impact environnemental des prélèvements, notamment l’assèchement des écosystèmes. - Usage et impact sur la consommation d’eau
Les premières évaluations montrent que les bassines pourraient ne pas réduire la consommation globale d’eau. Les craintes incluent un effet rebond, où l’accès accru à l’eau pourrait inciter à une utilisation plus intensive. - Perspectives du Giec
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a examiné les bassines comme une stratégie d’adaptation au changement climatique. Le rapport critique cependant leur coût, leur impact environnemental négatif et leur efficacité limitée face à un réchauffement avancé.
La controverse autour des bassines illustre les défis de la gestion de l’eau dans un contexte de changement climatique. Alors que certaines voix soutiennent leur utilité pour l’adaptation agricole, d’autres soulignent les risques environnementaux et sociaux associés à leur expansion. Cette dualité met en lumière la nécessité d’une réflexion approfondie sur les stratégies de gestion des ressources en eau en France.
