Sanofi a engagé des discussions avec le fonds américain CD&R pour céder 50 % d’Opella, filiale productrice du Doliprane. De nombreux parlementaires dénoncent une menace pour la souveraineté sanitaire de la France.
Le Doliprane, l’un des médicaments les plus populaires en France, pourrait bientôt passer sous pavillon américain. Sanofi a entamé des négociations pour céder 50 % de sa filiale Opella, spécialisée dans la production du célèbre antalgique, au fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R).
Opposition politique unanime
Cette annonce a déclenché une vague de critiques unanimes à travers l’échiquier politique. De droite à gauche, les dirigeants n’ont pas tardé à exprimer leur mécontentement. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, s’est empressé de dénoncer une nouvelle « vente à la découpe » de la France, tandis que Marine Tondelier (écologiste) a regretté le manque de leçons tirées de la crise sanitaire. Fabien Roussel, leader du Parti communiste, a quant à lui parlé d’une « honte » nationale et d’un « symbole de notre perte de souveraineté ».
Parlementaires mobilisés
Plusieurs députés de différentes tendances politiques, dont certains proches du gouvernement, ont également pris position contre cette cession. Dans une lettre commune adressée au ministre de l’Économie, Antoine Armand, une soixantaine de parlementaires, emmenés par Charles Rodwell (Ensemble pour la République), ont exprimé leurs inquiétudes quant à la sécurité sanitaire de la France. Le Doliprane est un « médicament essentiel » et son contrôle par un fonds étranger est perçu comme une menace pour la souveraineté sanitaire française.
Un enjeu stratégique
Opella, la filiale concernée, n’est pas seulement responsable de la production du Doliprane. Elle regroupe également d’autres marques emblématiques comme Maalox et Mucosolvan. La valorisation de la filiale, estimée à près de 16 milliards d’euros, suscite autant de convoitises que de craintes. Les ministres de l’Économie et de l’Industrie ont donc exigé des garanties quant au maintien des centres de décision sur le sol français, mais cela n’a pas suffi à calmer les inquiétudes.
Une réponse attendue du gouvernement
Si certains syndicats, comme la CGT, ont immédiatement appelé à la grève dans les usines de production, les ministres Armand et Ferracci ont choisi de temporiser, promettant que le gouvernement suivrait de près les négociations. « Le Doliprane doit rester français », a lancé Frédéric Debève, représentant syndical de la CGT, reflétant un sentiment partagé par bon nombre de salariés.
Une affaire à suivre de près
Alors que les discussions continuent, une certitude émerge : la vente potentielle de cette filiale représente bien plus qu’une simple transaction commerciale. Elle cristallise des enjeux stratégiques cruciaux pour la France, notamment en matière de souveraineté industrielle et sanitaire. Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir de l’un des médicaments les plus prisés des Français.