Un sondage Ipsos révèle qu’un quart des Français ne considèrent plus la démocratie comme le meilleur système politique. Les inégalités sociales et un sentiment d’exclusion alimentent cette défiance croissante, particulièrement chez les jeunes et les personnes défavorisées.
Trois mois après les dernières élections législatives, la confiance des Français envers la démocratie semble avoir atteint un nouveau point bas selon Le Parisien. Un sondage Ipsos, dévoilé ce mercredi lors d’une session du Conseil économique, social et environnemental (Cese), révèle que près d’un quart des citoyens (23 %) estiment que la démocratie n’est plus le meilleur système politique. Cette proportion grimpe à 31 % chez les moins de 35 ans, traduisant une inquiétude marquée des jeunes générations.
Un attachement en baisse sur fond d’inégalités
L’étude, réalisée auprès de 1 001 Français entre le 2 et le 13 septembre 2024, met en lumière une fracture sociale de plus en plus profonde. « Les jeunes et les personnes défavorisées sont largement surreprésentés parmi les sceptiques », indique le rapport. Les inégalités économiques, sociales, et territoriales semblent jouer un rôle clé dans cette désaffection. « Entre les générations, les territoires, ou encore entre les hommes et les femmes, les disparités s’accumulent », explique la sociologue Claire Thoury, rapporteure de l’enquête.
Le sentiment d’exclusion ressenti par 24 % des sondés, qui ne se sentent pas pleinement intégrés à la société française, illustre un mal-être persistant. La situation alarme d’autant plus que 51 % des Français jugent nécessaire un pouvoir fort et centralisé pour maintenir l’ordre et la sécurité. Par ailleurs, 15 % ne se déclarent pas prêts à défendre la démocratie si elle était menacée.
Des préoccupations liées aux inégalités
Les résultats de ce sondage reflètent également les préoccupations prioritaires des Français : la santé (40 %) et le pouvoir d’achat (34 %). Dans un contexte d’inflation et de désertification médicale, ces enjeux viennent exacerber les tensions sociales et renforcer le sentiment de distance avec les élites politiques. « Tous les hommes et femmes politiques sont déconnectés des réalités des citoyens », affirment 76 % des sondés.
Face à cette crise de confiance, Thierry Beaudet, président du Cese, a plaidé pour une meilleure prise en compte des préoccupations locales. Il a soutenu la proposition de Michel Barnier visant à instaurer une journée annuelle de consultation citoyenne dans chaque commune. « Le citoyen ne peut être réduit à l’électeur. Il faut changer de culture et de pratiques politiques », a-t-il souligné.
Une démocratie en quête de renouveau
Ces résultats relancent le débat sur la modernisation de la démocratie et l’adaptation des institutions françaises aux nouvelles attentes des citoyens. Dans un pays confronté à des inégalités croissantes, le défi pour les responsables politiques sera de restaurer la confiance des Français envers le système démocratique, tout en répondant concrètement à leurs préoccupations.
