Une étude récente du cabinet Xerfi, dévoilée à l’occasion des rencontres nationales de la librairie à Strasbourg, dresse un tableau inquiétant pour les petites librairies françaises.
Ces commerces, déjà fragilisés par une rentabilité parmi les plus faibles du secteur du commerce de détail, font face à une conjoncture économique difficile avec un marché stagnant et des coûts en augmentation.
Une rentabilité précaire
Selon Xerfi, la rentabilité des librairies indépendantes est particulièrement faible, avec un bénéfice net représentant seulement 1,1 % du chiffre d’affaires en 2022. Seuls les magasins de chaussures, d’informatique et de fleurs affichent des performances moindres. Après une année 2021 exceptionnelle, l’année 2022 est revenue à la normale et 2023 s’annonce médiocre. Les perspectives pour 2024 et 2025 ne sont guère encourageantes : les grandes librairies devraient maintenir leur rentabilité à 1,7 %, les moyennes devraient voir une baisse à 0,8 %, et les petites pourraient enregistrer un déficit de -1,3 %.
Un secteur guidé par la passion
La France compte 3 700 librairies indépendantes, un chiffre en hausse depuis 2019, selon le Syndicat de la librairie française (SLF). Ce dynamisme cache une réalité économique difficile, où les libraires travaillent souvent avec des marges très réduites et des salaires proches du minimum légal. Les entrepreneurs et salariés de ce secteur sont « guidés par la passion pour leur métier », selon le SLF.
Un appel à l’aide
Amanda Spiegel, vice-présidente du SLF, a tiré la sonnette d’alarme, appelant les pouvoirs publics et les acteurs du marché du livre à des concessions. Elle a notamment plaidé pour une baisse de la production de livres, ce qui permettrait aux librairies de se concentrer sur un service de qualité. Elle a également exhorté les éditeurs à offrir aux libraires des tarifs similaires à ceux accordés à des géants comme Amazon, citant les pratiques exemplaires des groupes Editis et Madrigall.
Mesures proposées
Parmi les mesures réclamées par les libraires figure une réduction de la remise de 9 % accordée aux collectivités locales pour les achats de livres destinés aux bibliothèques, la ramenant à 5 %. Cette mesure permettrait de réduire la pression financière sur les librairies.
