Bobigny – Mélanie Boulanger, ancienne maire de Canteleu, se trouve aujourd’hui au centre d’un procès pour complicité dans une affaire de trafic de drogue impliquant la famille Meziani. Elle est jugée aux côtés de 18 autres prévenus dans une affaire tentaculaire révélée par une enquête de deux ans. Ce procès, tenu devant le tribunal de Bobigny, vise à juger les principaux acteurs d’un réseau de narcotrafiquants opérant dans la région de Rouen.
Élue maire de Canteleu en 2014, Mélanie Boulanger est accusée d’avoir exercé des pressions sur la police pour qu’elle ne perturbe pas les activités criminelles du clan Meziani, une famille notoire pour son contrôle du trafic de drogue et sa capacité à instiller la terreur dans la petite commune normande.
Démission et accusations
Mélanie Boulanger a démissionné de son poste en début d’année 2024, citant des raisons de santé, après avoir été mise en examen pour complicité en avril 2022. À ses côtés au tribunal, se trouvent des membres clés du réseau, y compris des têtes dirigeantes, des lieutenants, des fournisseurs et des blanchisseurs. Le procès doit durer un mois, avec un verdict attendu d’ici la fin juin.
Les révélations de l’enquête
L’enquête a été déclenchée en septembre 2019 après l’arrestation de deux individus à Saint-Denis, portant 50 000 euros en liquide et deux kilos de cocaïne pure à 80 %. Cette arrestation a mené les enquêteurs vers Canteleu et la famille Meziani, qui serait un des principaux acteurs du trafic de drogue dans la région rouennaise. Le réseau, très lucratif, générerait plus de dix millions d’euros annuels de bénéfices uniquement pour la cocaïne et l’héroïne, malgré un train de vie modeste officiellement déclaré.
Preuves et éléments clés
L’affaire est riche en écoutes téléphoniques et sonorisations. Une conversation compromettante révèle qu’un des frères Meziani menaçait Mélanie Boulanger de semer le chaos dans la commune si elle ne coopérait pas, tout en lui promettant une réélection et le maintien de l’ordre public en échange de ses services.
Le rôle de la famille Meziani
La famille Meziani, bouleversée par la mort du chef de famille Mohamed dans un accident de la route, a vu deux frères, Aziz et Montacer, reprendre les activités illicites. L’enquête a exposé un réseau d’importation et de vente de drogues comprenant du cannabis, de l’héroïne et de la cocaïne. Les bénéfices étaient utilisés pour acheter des voitures de luxe, payer des frais dentaires coûteux, blanchir de l’argent via des commerces locaux, et investir dans l’immobilier au Maroc.
Jugement et absences notables
Aziz Meziani, surnommé « Le U », a fui au Maroc durant l’enquête et sera jugé par contumace. Il est accusé d’avoir relayé les demandes des trafiquants auprès de Mélanie Boulanger. Hasbi Colak, adjoint de l’ancienne maire, a nié toutes les accusations portées contre lui. Son avocat, Jérémy Kalfon, a déclaré que Colak attendait le procès pour prouver son innocence de manière claire et précise.
Ce procès met en lumière la complexité et l’impact du narcotrafic à l’échelle locale, ainsi que les allégations de collusion entre des figures politiques et des réseaux criminels.
