Le gouvernement français a annoncé une série de mesures visant à réformer l’assurance chômage, confirmant ainsi les pistes de réforme données par la ministre du Travail, Catherine Vautrin. Dans une interview accordée à La Tribune dimanche, le Premier ministre, Gabriel Attal, a détaillé les changements qui entreront en vigueur à partir du 1er décembre prochain.
L’objectif affiché de ces réformes est de promouvoir l’emploi et de valoriser le travail, selon Gabriel Attal. Cependant, ces mesures ont suscité des critiques et des inquiétudes de la part des syndicats et des travailleurs concernés.
L’un des principaux changements concerne la durée d’indemnisation, qui sera réduite de dix-huit à quinze mois dans les conditions actuelles, à condition que le taux de chômage reste en dessous de 9 %. Cette mesure affectera principalement les chômeurs de moins de 57 ans. De plus, le premier palier de 22,5 mois d’indemnisation pour les salariés âgés de 53 et 54 ans sera supprimé, et seuls ceux âgés de 57 ans et plus bénéficieront d’une durée d’indemnisation prolongée.
Par ailleurs, les conditions d’accès à l’indemnisation seront durcies. Actuellement, il faut avoir travaillé six mois au cours des vingt-quatre derniers mois pour ouvrir des droits à l’assurance chômage. À partir de décembre, il faudra avoir travaillé huit mois sur les vingt derniers mois pour bénéficier de cette indemnisation.
Une autre modification concerne la mensualisation des allocations chômage, qui sera basée sur une base de 30 jours, au lieu d’être calculée en fonction du nombre de jours dans le mois (entre 28 et 31). Cette mesure pourrait entraîner une perte d’indemnisation pour les chômeurs n’ayant pas travaillé sur une année entière.
En outre, le gouvernement introduit un « bonus emploi senior » afin d’encourager les seniors au chômage à reprendre un emploi. Ce dispositif permettra à un senior qui reprend un emploi moins bien rémunéré que son emploi précédent de cumuler son nouveau salaire avec son allocation de chômage pendant un an.
Voici les principaux points à retenir :
- Réduction de la durée d’indemnisation: La durée d’indemnisation passera de dix-huit à quinze mois pour les chômeurs de moins de 57 ans si le taux de chômage reste en dessous de 9 %. Les personnes âgées de 53 à 54 ans pourront être indemnisées jusqu’à 22,5 mois, tandis que celles de 55 ans et plus jusqu’à 27 mois. Cependant, le premier palier disparaîtra, et la durée prolongée sera réservée aux chômeurs de 57 ans et plus.
- Durcissement des conditions d’accès à l’indemnisation: Il faudra avoir travaillé huit mois sur les derniers vingt mois pour être indemnisé, contre six mois au cours des vingt-quatre derniers mois actuellement.
- Modulation de la contribution patronale (bonus-malus) sur les contrats courts: Le gouvernement envisage d’étendre ce dispositif qui vise à lutter contre les abus de contrats courts. Pour l’instant, il concerne les entreprises de plus de onze salariés dans sept secteurs.
- Création d’un « bonus emploi senior »: Ce complément versé par l’assurance chômage permettra aux seniors de retrouver leur rémunération initiale s’ils reprennent un emploi moins bien rémunéré que leur précédent.
- Principe de « contracyclicité »: Les règles sont durcies lorsque le taux de chômage est inférieur à 9 %. Si ce taux descend en dessous de 6,5 %, la durée d’indemnisation des chômeurs de moins de 57 ans serait réduite de 40 %, passant à douze mois maximum.
Cependant, ces réformes ont été fortement critiquées par les syndicats. La CGT a qualifié la réforme de « criminelle », soulignant les conséquences potentiellement néfastes sur la santé mentale des chômeurs et de leur entourage. De plus, le durcissement des conditions d’accès à l’indemnisation a été dénoncé comme une mesure antijeunes par certains.