Selon le collectif « Le Revers de la médaille », 12 545 personnes en situation de précarité ont été expulsées en Île-de-France entre avril 2023 et mai 2024. Ce collectif est composé de plus de 90 associations, dont Médecins du Monde, ATD Quart Monde et Emmaüs.
En comparaison, 12 769 personnes avaient été expulsées en 2022-2023, tandis que 9 048 personnes l’avaient été en 2021-2022, soit une hausse de 38,5% sur deux ans. Le rapport souligne également une augmentation alarmante du nombre de mineurs expulsés : 3 434 en 2022-2023, soit deux fois plus que l’année précédente et trois fois plus qu’en 2021-2022.
« Nettoyage social » en préparation des Jeux
Le rapport du collectif accuse les autorités de procéder à un « nettoyage social » pour rendre l’Île-de-France plus présentable avant les Jeux Olympiques. Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du Monde et porte-parole du collectif, cite l’exemple de l’évacuation sous le pont Charles de Gaulle à Paris, près de la Gare de Lyon, où plus d’une centaine de jeunes sans-abri ont été forcés de partir par la police.
Augmentation des opérations d’expulsions
Entre fin 2023 et mai 2024, le collectif a enregistré 42 opérations d’expulsions, une nette augmentation par rapport aux années précédentes. Selon la préfecture de la région Île-de-France, 59 opérations ont été effectuées sur des campements de rue entre avril 2023 et avril 2024, avec 2 328 personnes mises à l’abri, souvent en province.
Critique des mesures temporaires
Le rapport critique également l’augmentation des arrêtés préfectoraux depuis février 2024. Alors que seulement deux expulsions avaient été liées à des arrêtés préfectoraux entre mai 2021 et janvier 2024, huit ont été recensées en seulement quatre mois entre février et mai 2024. Le collectif dénonce que la région Île-de-France a été vidée de nombreuses personnes précaires, pour présenter une image plus flatteuse de la France durant les Jeux Olympiques.
Déplacements vers d’autres régions
Le rapport accuse les autorités de déplacer ces populations vers d’autres régions via des SAS d’accueil temporaire régionaux. En 2023, parmi les 6 000 personnes mises à l’abri par la préfecture, 3 958 ont été orientées vers ces SAS.
Expulsions dans d’autres villes
Le phénomène ne se limite pas à Paris. Le rapport cite des exemples similaires d’expulsions à Bordeaux et Lille, villes également impliquées dans les événements des Jeux Olympiques. À Bordeaux, près de 500 personnes ont été expulsées d’un bidonville près du stade Matmut Atlantique en mars, tandis qu’à Lille, 60 personnes ont été expulsées d’un bidonville au Parc Matisse en mai.
Manque de solutions pérennes
Le rapport du collectif dénonce aussi le manque de propositions d’hébergement durable. Depuis avril 2023, des solutions d’hébergement ont été proposées dans seulement 35,3% des expulsions, contre 64,3% l’année précédente.
Appel à des mesures durables
Le Revers de la médaille appelle à un véritable plan pour la prise en charge des personnes en situation de précarité avant et pendant les Jeux Olympiques. Le collectif demande la création de 20 000 places d’hébergement à long terme, dont au moins 7 000 en Île-de-France, et insiste sur la nécessité de consulter les associations pour des orientations adaptées et consenties.