À quelques jours des élections législatives prévues pour les 30 juin et 7 juillet, le Rassemblement National (RN) traverse une période de turbulences et de changements de cap dans sa campagne électorale.
Le RN, en tête dans les sondages, a longtemps martelé son intention d’abroger la réforme des retraites qui avait porté l’âge de départ à 64 ans sous Emmanuel Macron. Cependant, cette promesse semble aujourd’hui moins ferme. Jordan Bardella a récemment oscillé sur cette question, la qualifiant d’importante mais pas prioritaire, avant de revenir sur ses propos pour confirmer finalement l’abrogation à partir de l’automne. Cette incertitude est exacerbée par les divergences internes, notamment avec Eric Ciotti, allié récent du RN, qui défend une retraite à 65 ans, un positionnement économique plus libéral qui contraste avec les positions traditionnelles du RN.
Revirements et ajustements de programme
En plus des retraites, d’autres mesures emblématiques du RN ont été repoussées ou modifiées. La suppression de la TVA sur les produits de première nécessité et l’exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans ont été reportées à plus tard, sous prétexte de prioriser des mesures immédiates comme la réduction du coût de l’énergie pour les ménages. Ces ajustements sont présentés comme une réponse aux défis économiques urgents, notamment une dette publique colossale de 3 000 milliards d’euros, justifiant ainsi un audit financier pour trouver des sources de financement supplémentaires.
Critiques et risques
Les variations programmatiques du RN n’ont pas manqué de susciter des critiques acerbes, tant du gouvernement en place que d’autres partis politiques. Des accusations de reniement et d’approximations fusent, notamment à l’approche des élections où le RN pourrait potentiellement accéder au pouvoir sans majorité absolue. Le spectre d’une mise sous tutelle économique de la France par la Commission européenne et le FMI est également évoqué, étant donné les implications financières potentiellement désastreuses des propositions du RN selon certains analystes.
Confusion et évolutions historiques
Ces changements de cap rappellent les revirements passés du RN sur des sujets tels que la sortie de l’Union européenne ou de l’euro, sèment la confusion parmi les électeurs et soulèvent des questions sur la cohérence et la stabilité du mouvement.
En somme, le RN, malgré sa position de favori dans les sondages pour les législatives à venir, doit naviguer avec prudence dans cette période de cacophonie et de réajustements, cherchant à concilier son image de défenseur des intérêts nationaux avec des compromis économiques et politiques nécessaires pour gérer une possible prise de pouvoir.