Les Magasins Bleus “Alimentation Stéphanoise”, et son destin tragique

Actu Loire

L’histoire tient parfois à un fil, c’est l’histoire des Magasins bleus que m’a conté l’arrière petite fille du créateur Etienne Fayolle.

Etienne FAYOLLE est né le 21 septembre 1845 à St Genis Terrenoire. Il était fils de maréchal ferrant. Ses arrières petits enfants souhaitaient qu’un hommage soit rendu à leur ancêtre M. Etienne FAYOLLE, précurseur et visionnaire dans son domaine. La place située entre la rue de Sorbiers et la rue des Alliés, proche de la place Fourneyron, porte le nom « d’Etienne Fayolle ».

Ses actions, son travail et son dynamisme ont contribué au développement économique stéphanois en cette fin du XIXè siècle florissant . Que sa ville de St Etienne soit remerciée de lui avoir attribué le nom de cette place située à quelques pas de son fief de Bérard et ainsi laisser le souvenir de ce personnage qui a marqué l’histoire stéphanoise de cette époque.

Dans les années 1870 l’essor démographique de Saint Etienne dû à une forte immigration de personnes originaires pour la plupart du Velay et du Vivarais le conduit à rejoindre la ville proche avec l’idée de faire le commerce d’épicerie.

En 1873 il a 25 ans et, en association avec son épouse Marie Félicie MICHEL, il crée à Saint Etienne La Grande EPICERIE PARISIENNE au 21 rue Gambetta, toute proche des Halles de la ville qui viennent d’être créées 1 an plus tôt .


Rapidement il ouvre 2 succursales l’une au 11 rue de la Préfecture et l’autre au 2 rue de la République. Ils exploitent ces trois maisons d’épicerie de choix et de bon marché pendant 25 ans et ce, malgré la grave crise économique que traverse alors la ville en cette fin de XIXème siècle qui se trouve en concurrence avec les mines du Nord et la sidérurgie de l’Est, difficultés qui vont durer jusqu’en 1890.

C’est à cette époque que, sous l’impulsion de chefs d’entreprises dynamiques se développent à Saint-Etienne et dans les environs de nouvelles industries notamment : les soieries, les passementeries, l’aciérie, le cycle et les armes dont la célèbre Manufrance fondée en 1893 par Etienne Mimard et Pierre Blachon.

L’expansion de la ville voit son commerce se dynamiser et se développer rapidement. En 1898 Etienne à l’âge de 53 ans et, sous l’impulsion de son fils ainé Claudius qui avait alors 21 ans, décide d’ajouter d’autres succursales à ses trois grands magasins d’épicerie. C’est ainsi qu’il crée avec l’aide de ses proches le 8 juin 1898, la Société d’Alimentation Stéphanoise.

De belles lettres jaunes sur fond bleu où on y fait commerce d’épicerie, de vin, de pommes de terre, de mercerie….et de chaussures. On y trouvait de tout depuis le pain jusqu’au linoléum et très vite pour tous les stéphanois elle devint la  bleue ou les magasin bleus…

A la fin de cette même année, 32 succursales étaient déjà en plein fonctionnement à Saint Etienne et dans les environs.

Dès 1898 M. Etienne FAYOLLE installait alors à Bérard tout proche d’ici à proximité de la gare de St Etienne Châteaucreux un vaste entrepôt avec 2 embranchements fer, où étaient centralisés les articles d’épicerie, droguerie, mercerie, bonneterie et les apéritifs, liqueurs et spiritueux ainsi que les remises pour camions et chevaux.

En 1900, pour développer la vente du vin dans les succursales , des chais furent établis à Bérard avec la mécanisation de l’embouteillage. L’approvisionnement des vins de propriété était effectué alors par 9 wagons- citernes dont la société avait fait l’acquisition.

En 1909, une boulangerie mécanique était également crée à Bérard pour la fourniture du pain aux succursales de la ville.
L’Alimentation Stéphanoise crée également ses marques déposées dont notamment le chocolat A l’aigle d’or et Gertrude la cire liquide incomparable.

Grace aux magasins bleus les habitants des campagnes comme ceux des quartiers ouvriers des villes ont à leur portée, aux prix les plus réduits, tous les produits de choix des grandes marques qu’il leur était impossible de se procurer auparavant. Qualité et bon marché étaient déjà des arguments commerciaux.

L’alimentation stéphanoise a connu une progression rapide et atteint son apogée en 1920 ou elle comptait 262 succursales dont 62 à Saint Etienne et 15.000 m² d’entrepôt à Bérard. Les autres se répartissant entre quatre départements: la Loire, l’Ardèche, la Haute Loire et le Puy de dôme et jusqu’à Limoges où Etienne Fayolle avait crée en 1909 la société d’Alimentation du Centre, qui, suivant les principes de son ainée, jouit d’une égale réputation dans la haute Vienne et les départements limitrophes.

Les magasins bleus sont devenus populaires mais doivent également faire face à l’émergence de nombreux succursalistes et trois autres sociétés vont voir le jour à la même époque.

Le 2 aout 1898 Guichard et Perrachon créent la société des magasins Casino qui opte pour la couleur verte, suivie en 1924 par Zanzibar qui prend le vert foncé et 1928 par l’Etoile Blanche de couleur rouge.

La direction de cette grande organisation commerciale est assurée par Etienne FAYOLLE, son fondateur, mais également par son fils Claudius ainsi que son gendre Louis JACQUET et son cousin François MARANDON.

A l’apogée de son ascension Etienne FAYOLLE le visionnaire décède en 1926 à l’âge de 81 ans et laisse les rennes de l’entreprise à ses successeurs dont son fils Claudius qui décédera hélas 4 années plus tard en 1930. L’entreprise est alors gérée par son fils Louis. Diverses difficultés affectent l’entreprise dont l’incendie de son entrepôt de Bérard le 26 mars 1940 au cours duquel le sapeur du nom de Lyonnet trouva la mort.

Ces mêmes locaux, modernisés et agrandis en 1941 subissent 3 ans plus tard le bombardement de Saint François du 26 mai 1944 qui occasionna de très gros dégâts ainsi que l’anéantissement de 7 succursales mais heureusement sans aucune victime.
Au lendemain de la guerre, et de la reconstruction de la France, le marché du petit commerce de proximité fait rapidement place à la grande distribution.
Pour faire face aux nécessités économiques de ce nouveau développement ainsi que des contraintes d’évolution de l’entreprise familiale, l’Alimentation Stéphanoise qui possédait encore 180 magasins a été cédée en octobre 1960 à l’Economique de Lyon avec qui elle entretenait déjà des rapports étroits au sein du groupement Paridoc dont elle faisait partie avec une vingtaine d’autres.

Un Immense Merci a Chantal et Bruno SIJOBERT pour toutes ces infos passionnantes.

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2 Commentaires

  1. Je me souviens de ces établissements mais en ignorait l’histoire. Il y avait une alimentation stephanoise cours Fauriel au lieu-dit le Sapeur. Je l’ai bien connue passant devant 4 fois par jour pour aller à l’école publique Cours Fauriel. J’habitais le Rond-point !

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