Le président de l’association qui gère la mosquée de Pessac, Abdourahmane Ridouane, est actuellement au centre d’une tempête judiciaire. Assigné à résidence et menacé d’expulsion, il conteste vigoureusement les accusations d’apologie du terrorisme portées contre lui. Jeudi, il a contesté cette assignation devant le tribunal administratif, son avocat dénonçant un “dossier vide” et accusant Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, d’acharnement.
Les mesures de surveillance
Cette mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance (Micas) impose à M. Ridouane de rester dans la commune de Pessac pendant trois mois, sauf dérogation, et de se présenter quotidiennement au commissariat. Elle a été mise en place juste avant le passage de la flamme olympique en Gironde, dans le cadre d’une “stratégie d’entrave” annoncée par le ministre Darmanin contre la mouvance islamiste et djihadiste, visant particulièrement les personnes condamnées pour faits de terrorisme ou fortement radicalisées.
Accusations et justifications
Le ministère de l’Intérieur reproche à M. Ridouane des publications sur les réseaux sociaux soutenant ou incitant au terrorisme. Ces publications avaient déjà conduit à la fermeture administrative de la mosquée en 2022, une décision plus tard annulée par le tribunal administratif de Bordeaux et le Conseil d’État. Parmi les publications incriminées, un dessin sur Facebook comparant la résistance ukrainienne face à l’armée russe et la lutte palestinienne face à Israël, illustrant la première comme de l’autodéfense et la seconde comme du terrorisme.
Déclarations et soutiens
Abdourahmane Ridouane a exprimé son soulagement après l’audience, déclarant : “Pour une fois, j’ai pu faire entendre ma version des faits.” Ses soutiens, présents en grand nombre devant le tribunal, ont souligné son engagement pour la paix et l’égalité. L’avocat de M. Ridouane, Me Sefen Guez Guez, a qualifié les accusations de “gratuites” et a promis de contester toute décision d’expulsion auprès du tribunal administratif si la préfecture de la Gironde décidait de passer outre l’avis de la commission d’expulsion.
Prochaines étapes
La commission d’expulsion du tribunal judiciaire de Bordeaux doit rendre son avis consultatif dans les prochains jours. En attendant, l’assignation à résidence de M. Ridouane reste en vigueur. Le tribunal administratif a rejeté la demande de suspension de cette mesure, et les avocats se préparent à de possibles contestations futures pour protéger les droits de leur client et contester les mesures jugées excessives.
L’affaire reste en évolution, et les décisions à venir détermineront les prochains chapitres de cette bataille juridique complexe.