Le grand hôtel du Pilat : un air de Suisse dans nos montagnes

Actu Loire

Pierre Mazet auteur de nombreux Polars et passionné d’Histoire nous présente des stéphanois dont parfois par manque de culture nous ignorons l’existence, depuis il existe un livre Chroniques stéphanoises.

A la fin du XIXème siècle, l’hôtel du Righi, situé à Glion en Suisse n’en finissait plus d’accueillir des personnalités. Citons en autres : la reine Emma de Hollande, le prince d’Anhalt-Dessau, la famille d’Oscar Wilde durant le procès pour immoralité de l’écrivain ou encore une conférence pour la paix à Chypre. On murmure même que l’intrépide Impératrice Sissi l’arpenta régulièrement entre 1893 et 1898. Bien sûr, les montagnes du Pilat ne sont pas les Alpes suisses, mais le panorama qui s’offre à nos yeux depuis le crêt de l’oeillon vaut quand même le détour.

Fort du constat qu’air pur et vision idyllique attiraient la clientèle fortunée, un homme d’affaires et un médecin lyonnais eurent l’idée de créer un « sanatorium » où malades et touristes se retrouveraient dans un lieu champêtre et calme. Le Pilat leur parut le site idéal. C’est sur la « Chaux d’Egalet » à 1260 mètres, que vit le jour le Grand Hôtel Sanatorium du Mont Pilat, devenu peu après : « Hôtel Climatique ». A la belle époque, le ruban et l’acier avaient permis la constitution de belles fortunes familiales dans la région Rhône-Loire.

C’était aussi l’époque où la tuberculose gagnait du terrain et touchait de nombreuses personnes de tous les milieux. Ainsi de grands hôtels thermaux sortirent de terre et les cures et les bains de mer devinrent à la mode. Le grand air, les montagnes et les sports d’hiver étaient en plein développement, et des « hôtels sanatorium » furent érigés  pour répondre à la demande du moment. Ces établissements à la mode attiraient une clientèle dorée, exigeante, qui venait en ces lieux se revivifier, se reposer, mais aussi se distraire entre gens de qualité.

On construisit donc ce bâtiment exceptionnel, haut de trois étages, se terminant par un toit pointu. Il avait une première utilité sanitaire : sanatorium, puis, très vite, il devint l’hôtel à la mode où la « jet-set » de l’époque et de la région lyonnaise et européenne aimait s’y retrouver. Cet établissement majestueux avait des chambres aussi luxueuses les unes que les autres avec des suites concurrençant les plus beaux palaces.

Il était équipé d’eau courante, d’électricité, de chauffage central, de téléphone, de sanitaires, de salles de bain modernes, de baignoires, de toilettes. En 1903 une seconde aile aussi grande que la première fut construite portant la capacité de l’hôtel à 120 lits. Il faut dire que le Pilat était un lieu de villégiature très prisé par les riches Stéphanois et les riches Lyonnais qui désiraient pratiquer « les sports d’hiver » ou « prendre l’air » pur et vivifiant de nos montagnes. L’été, quand la chaleur accablait les cités lyonnaises et stéphanoises, ils goûtaient à la fraîcheur du Pilat.

A côté de l’hôtel se trouvait une ferme qui fournissait lait, pain et diverses victuailles aux cuisines pour la clientèle exigeante.  Sur les tables on servait de nombreux produits du terroir : le saucisson et le jambon de la ferme, les rigottes de vaches et de chèvres, les airelles et les mûres de l’Oeillon de la Perdrix …Quant au vin, on buvait celui des côtes du Rhône. La clientèle était composée de riches industriels et des membres des cours royales d’Europe. En 1904 « l’Hôtel sanatorium » devint « l’Hôtel climatique ».

Mais la guerre de 1914-18 sonnera le glas de l’hôtel. En 1920 il fut repris par un Stéphanois directeur de transports. Il eut une éphémère résurrection en ces années-là mais cela ne dura pas. En 1930 son propriétaire décida de s’en séparer. Il essaya de le vendre, sans succès, et le ferma définitivement avant l’été 1931.

Le 16 novembre de la même année, dans la nuit, à quatre heures du matin un mystérieux incendie ravagea le bâtiment dont il ne resta que des ruines rasées par sécurité en 1999.

L’origine de l’incendie demeure mystérieuse. 

Les versions les plus extravagantes virent le jour, n’oublions pas que le Pilat se situe dans un site imprégné d’histoire et de mystère. Les forces telluriques des eaux et du ciel se combinant, en ces lieux particuliers, l’imaginaire peut prendre le pas sur le réel.

Pour être plus pragmatique, nos soupçons pourraient nous conduire droit au propriétaire. Celui-ci aurait eu intérêt à se débarrasser d’un bien qui l’encombrait, qu’il n’arrivait pas à vendre et qui lui coûtait cher, fermé comme ouvert ! Et si l’homme avait été victime du « jeudi noir » : du krach boursier et devait trouver très vite de l’argent frais ? Rien n’accusa le propriétaire. Aucune preuve pouvant accréditer cette hypothèse ! Les assurances durent bien faire leur travail et la piste du propriétaire incendiaire fut écartée.

Toutefois le mystère demeure. Amateur de phénomènes inexpliqués, à vos plumes ! Mais, faites preuve d’imagination, car contrairement au Titanic, rien ne subsiste, aucune ruine, aucun vestige, aucune poterie ou reste de vaisselle ! Une plaque uniquement évoque ce grand hôtel !

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