Le “Grand Remplacement” existe-t-il ? : origines, débats et réalités

Actu Loire

“Le grand remplacement ” ? Que représente l’expression dans la société française ? C’est une formule souvent utilisée pour insinuer que la population française « de souche » serait progressivement supplantée par une population étrangère souvent arabo-musulmane. Ce slogan a néanmoins trouvé une place centrale dans le débat politique français.

L’expression “grand remplacement” s’est immiscée dans la campagne présidentielle, perturbant ceux qui aspirent à un débat apaisé sur l’immigration. Valérie Pécresse et Éric Zemmour ont débattu de cette notion le 10 mars sur TF1 et LCI, cette dernière prenant à nouveau ses distances avec l’idée un mois après l’avoir mentionnée lors d’un meeting. Des voix à gauche ont également contesté cette expression durant la campagne présidentielle.

Origines et popularisation de l’expression

Ce n’est pas si nouveau. Cette théorie, considérée par certains comme complotiste et xénophobe, a été popularisée au début des années 2010 par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus. Elle fait référence à un supposé processus de substitution des Européens ou des Français “de souche” par des immigrés extra-européens, principalement venus d’Afrique. Renaud Camus développe cette thèse dans son livre Abécédaire de l’in-nocence (2010), suivi de Le Grand Remplacement (2011). Dans un entretien de 2012, il résume sa conception : “Un peuple était là, stable, occupant le même territoire depuis quinze ou vingt siècles. Et tout à coup, très rapidement, en une ou deux générations, un ou plusieurs autres peuples se substituent à lui, il est remplacé, ce n’est plus lui.” Cette expression de Renaud a rapidement occupé la sphère publique et politique, en particulier les milieux intellectuels.

Critiques et réfutations

Le démographe Hervé Le Bras conteste cette vision alarmiste, critiquant Renaud Camus et d’autres auteurs comme Jean Raspail avec ironie et virulence. Pour rappel, Jean Raspail affirmait que l’immigration était un grand envahissement. Le Bras admet toutefois que l’idée qu’une population puisse en remplacer une autre sur son propre sol n’est pas absurde, rappelant l’exemple des Américains envers les Indiens. Il reconnaît également le caractère inédit des migrations actuelles en provenance de pays non-européens.

Évolution des migrations en Europe

Pendant des siècles et jusqu’en 1974, l’Europe occidentale a connu de nombreux brassages de populations qui ont façonné sa civilisation, sans immigration notable d’Asie ou d’Afrique. Dans son livre « L’âge des migrations », Hervé Le Bras affirmait une théorie sur l’évolution de l’immigration et sa positivité pour la France. “Des migrants fuyant la misère, les persécutions ou le changement climatique : telle est l’image qu’on nous renvoie sans cesse. Mais les migrants sont aussi, de plus en plus, des personnes compétentes et diplômées…” avait-il écrit dans son ouvrage.

Depuis lors, un basculement s’est produit, visible dans l’étude de Jérôme Fourquet sur les prénoms musulmans, passés de 2 % des naissances à 18,8 % entre 1962 et 2016. Hervé Le Bras note que cette proportion correspond presque exactement au pourcentage des naissances de parents immigrés des pays arabes ou musulmans, indiquant qu’un cinquième de la population française en devenir est issu de cette immigration récente. Selon une étude récente de l’Insee, environ 1 Français sur 10 est un enfant de la troisième génération d’immigrés, ce qui montre une « diffusion » des origines « au sein de la société française » plutôt qu’un « remplacement », selon Sylvie Le Minez, responsable de l’unité des études démographiques et sociales à l’Insee.

La vision de Jacques Lesourne

Hervé Le Bras ne nie pas le phénomène migratoire ni les failles juridiques exploitées par les migrants. Il se concentre sur l’ampleur du phénomène et critique particulièrement Jacques Lesourne, économiste et ancien directeur du quotidien Le Monde. En 1985, dans la revue Le Débat, l’économiste Jacques Lesourne publiait un article prophétique intitulé : « L’immigration, une dimension majeure du XXIe siècle européen ». Il y évoquait l’incertitude sur l’évolution de la fécondité et décrivait l’opposition à venir entre une Europe riche mais vieillissante, et une Afrique pauvre mais féconde. Lesourne anticipait également les conflits et déplacements de populations dans le monde arabe, pressentant des flux migratoires vers l’Europe occidentale en réponse aux guerres et révolutions. Il concluait qu’en 2025, la Communauté à douze pourrait compter entre 20 et 50 millions de musulmans venus du croissant méditerranéen, ainsi que 5 à 15 millions d’Africains subsahariens. Ces projections correspondent aux nouveaux venus et leurs descendants entre 1985 et 2025.

Les possibilités culturelles ouvertes par les migrations

La réflexion de Jacques Lesourne sur les migrations évoque également l’éventail des possibilités culturelles offertes par les migrations : « l’assimilation, la diversité, la confrontation des cultures ». Ces enjeux restent d’une actualité brûlante.

Entourloupe sur les chiffres

Hervé Le Bras conteste les projections de Jacques Lesourne, notant que le nombre global de personnes nées en Afrique ou dans les pays musulmans d’Asie et présentes dans la CEE est d’environ 12 millions, contre 7 millions en 1985. Les 5 millions supplémentaires observés depuis 1985 sont bien loin des 25 à 65 millions annoncés par Lesourne.

La religion en France

Selon des études de l’Insee, le catholicisme demeure la religion la plus déclarée parmi les Français de 18 à 59 ans, avec 29 % des personnes interrogées entre 2019 et 2020 s’identifiant comme catholiques. En comparaison, 10 % se disent musulmans et 10 % affiliés à d’autres religions. Ces chiffres contredisent l’idée d’une “submersion” de l’islam en France, souvent invoquée par Eric Zemmour et Marine Le Pen. En réalité, c’est surtout la désaffiliation religieuse qui progresse : 51 % des personnes interrogées déclarent n’avoir aucune religion, une tendance en hausse depuis dix ans selon l’Insee (de 45 % à 51 %). Au sein de la population immigrée, souvent ciblée par l’extrême droite, on observe également une légère augmentation du nombre de personnes se déclarant sans religion (+3 % en dix ans, atteignant presque 30 %).

Ce grand remplacement existe-t-il ?

En conclusion, le “grand remplacement” demeure une idée controversée, soulevant des questions cruciales sur les dynamiques migratoires et les transformations culturelles en Europe. Les débats autour de cette notion reflètent des préoccupations profondes sur l’identité, la démographie et l’avenir de la société européenne. Les réponses apportées à la question changent d’un point à l’autre et d’un avis à un autre. Certains diront qu’il est question d’un grand remplacement tandis que d’autres diront qu’il ne l’est pas.

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1 COMMENTAIRE

  1. Bien sur que le Grand Remplacement existe et il ne fait que commencer ! Une élite européenne est en train de naitre et elle ne se mélangera pas aux européens de papiers , jamais !!!!!!

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