À Flixecourt, François Ruffin a marqué sa rentrée politique en prenant ses distances avec Jean-Luc Mélenchon et en esquissant les contours d’une gauche nouvelle, plus unie, mais la tâche s’annonce ardue.
C’est dans la petite commune de Flixecourt, au cœur de la vallée de la Somme, que François Ruffin a choisi de faire sa rentrée politique ce samedi 31 août. Deux mois après sa réélection difficile et son départ fracassant de La France insoumise (LFI), le député de la Somme, également fondateur du mouvement “Picardie Debout”, s’est retrouvé sur cette « terre où [il] a subi un revers », bien décidé à relancer la dynamique de gauche. Pourtant, le défi est de taille : Flixecourt, autrefois bastion ouvrier, a basculé aux dernières élections sous l’influence du Rassemblement national (RN), illustrant le désaveu croissant des classes populaires envers la gauche traditionnelle.
Une kermesse politique sous tension
Loin des meetings politiques traditionnels, l’événement de ce samedi a pris des allures de fête populaire avec des food trucks, une fanfare et même une mascotte en forme de fraise géante déambulant parmi les militants. « Gagner », tel était le nom de cette journée organisée par Ruffin, qui a tenté de mobiliser autour d’une gauche « généreuse et joyeuse ». Mais derrière l’ambiance bon enfant se cachait une véritable bataille d’idées. Sur scène, François Ruffin a durement critiqué la stratégie de Jean-Luc Mélenchon, qu’il accuse de délaisser les zones rurales et ouvrières pour se concentrer sur les quartiers urbains.
L’appel à une nouvelle union de la gauche
Face à une gauche divisée et une extrême droite en plein essor, François Ruffin a appelé à la construction de « ponts » entre les différentes composantes de la gauche, tout en fustigeant la stratégie du Nouveau Front Populaire (NFP) initiée par LFI. « La gauche ne doit pas construire d’autres murs, mais au contraire, bâtir des traits d’union », a-t-il martelé, exhortant à ne pas reproduire les erreurs de la Nupes, où les tensions internes ont souvent fait échouer les ambitions de l’alliance.
Malgré cette volonté affichée de rassembler, Ruffin peine à convaincre totalement sur sa capacité à peser dans la bataille politique nationale. Son appel à une « maison commune » pour la gauche, réunissant « les bourgs et les tours », laisse planer le doute sur sa capacité à faire émerger une véritable alternative face aux leaders actuels de la gauche.
Un soutien local, mais des défis nationaux
Bien que son discours ait trouvé un écho parmi les militants présents, Ruffin reste pour l’instant isolé sur la scène politique nationale. À Flixecourt, certains de ses fidèles, comme Pascal, ingénieur à la retraite, se réjouissent de voir de nouvelles têtes parmi les participants, mais les interrogations demeurent. La question centrale reste de savoir si François Ruffin saura transformer cet élan local en une force capable de peser au niveau national.
Conclusion ouverte : la route est encore longue
Alors que les premiers nuages de l’automne politique se profilent, François Ruffin semble déterminé à avancer, malgré les obstacles. Sa capacité à fédérer une gauche en quête de renouveau reste cependant à prouver. Ce premier jour du reste de sa vie politique à Flixecourt est peut-être le début d’une longue route, semée d’embûches, mais riche de possibilités pour celui qui aspire à redessiner les contours de la gauche française.
