La Manu : Des souvenirs et de beaux restes

Actu Loire

Pierre Mazet (http://www.pierre-mazet42.com/) auteur de nombreux Polars et passionné d’Histoire nous présente des stéphanoises dont parfois nous ignorons l’existence….

Aujourd’hui : La Manu : des souvenirs et de beaux restes.

La Manu est une vieille dame. A tous les stéphanois, même de jeune souche, ce nom dit quelque chose. C’est encore un beau bâtiment qui borde la Grand’ Rue à deux pas de Carnot. Au-delà de son implantation dans le paysage, la Manu est encore bien présente dans l’esprit des Stéphanois, car nombre d’entre eux ont eu un oncle, un frère ou un ami « manuchard ».

En dehors de Saint-Etienne, il faut faire un peu de pédagogie, car beaucoup de « Non-Stéphanois » confondent « La Manu » et… Manufrance. Tout comme les Lorrains croient que Bernard Lavilliers est né à Joeuf. Bien avant les fusils, Saint-Etienne, profitant des eaux du Furan, et des matières premières locales : le charbon, pour forger, et le grès, pour meuler, produisait des lames d’épées et des arbalètes.

Ce savoir-faire intéresse le pouvoir royal et François 1 er charge l’ingénieur Virgile d’organiser la fabrication des armes. En 1665, naît à Paris le Magasin royal des armes, sorte de stock de survie en cas de conflit, que Saint-Etienne est chargé d’alimenter. Soucieuse de centraliser cette fabrication stratégique, la royauté incite les artisans à se regrouper sous l’autorité d’un  entrepreneur. Le 5 août 1769, les ateliers stéphanois se voient conférer le statut de  » manufacture royale ».

A cette époque, près de 20 000 fusils sont fabriqués chaque année. Au point que, sous la Révolution, Saint-Etienne est rebaptisé « Armeville ». La modernisation du XIXe siècle ne va pas sans heurt. En 1831, un artisan local, Jean Boivin, met au point la fabrication au laminoir, une invention dont les 200 canonniers de la région flairent immédiatement qu’elle menace leur emploi.

Habitués à forger leurs canons à la main, ils saccagent l’usine de Boivin. En vain, grâce à des machines plus performantes, la parcellisation des tâches et la standardisation sont en marche. La guerre de 1870, avec l’utilisation du Chassepot, premier fusil de guerre totalement standardisé, marque une rupture décisive. Il n’est plus possible de produire en masse sur des sites disséminés dans la ville. Entre 1866 et 1868 sont construits une grande usine mécanique, un magasin de poudre, une usine de 32 meules, une fonderie, mais aussi des jardins suspendus, une cour d’honneur et un « château » pour le directeur. La production décolle avec près de 140 000 armes par an.

La manufacture impériale restera l’arsenal de la France pendant encore longtemps. Au cours de la Première Guerre
mondiale, quelques 10 000 « manuchards » y travaillent, fabriquant fusils et masques à gaz. En 1963, la fabrication se diversifia vers 3 secteurs d’activités : du matériel pour l’équipement des blindés (tourelles de véhicules blindés) ; la production d’armes antichars (lances roquettes, grenades et éléments de missiles) et enfin du matériel de protection (matériel de détection, et de décontamination nucléaire et chimique). La Manu va connaître une seconde jeunesse grâce à la mise au point et à la fabrication du FAMAS, un fusil conçu pour moderniser l’armement de la gendarmerie et de l’armée française. Le fusil fera, durant plusieurs décennies, la renommée de Saint-Étienne. « Une fierté pour des ouvriers qui ont un vrai savoir-faire, un amour du travail bien fait, mais qui restent toujours discrets dans leurs réussites ».

Quand elle a fermé ses portes, en 2001,

la manu n’employait plus que 2 000 personnes.
Le site de 12 hectares est reconverti en différents projets, symboles du renouveau stéphanois :
– La partie centrale est reconvertie en Cité du design ;
– La partie nord est affectée à un centre de recherche et d’enseignement dans le domaine de l’optique vision ;
– L’École supérieure d’art et design est installée près de la Cité du design.
– L’ancienne imprimerie est reconvertie en centre médiatique avec l’école Internationale Rhône-Alpes Media, les bureaux de France bleu et France 3.
Le bâtiment dit « de l’horloge », la grille, le portail, les jardins, les murs de soutènement, les balustres, le monument aux morts, la grande usine appelée « double H » avec sa salle des moteurs, l’ancienne usine des meules et l’atelier d’ajustage ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 20 mars 2006.

Merci M. Mazet pour cette leçon d’histoire

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