À 73 ans, Michel Barnier, ancien commissaire européen et figure du parti Les Républicains, a été désigné Premier ministre par Emmanuel Macron.
Cette nomination intervient en pleine crise politique, marquée par des élections législatives (30 juin et 7 juillet) qui ont fragmenté l’Assemblée nationale en trois blocs distincts. Sa mission consisterait à tenter de naviguer habilement dans ce paysage parlementaire foutue en l’air.
Un parcours européen méconnu en France
Bien qu’il ait passé quinze ans au cœur des institutions européennes, Michel Barnier reste une figure méconnue du grand public en France. Il est beaucoup plus connu dans le cercle Européiste que français. L’automne 2021 en est un exemple frappant. Alors en pleine campagne pour la primaire de la droite en vue de l’élection présidentielle de 2022, Barnier fait une halte dans une brasserie de Saverne, dans le Bas-Rhin. Vêtu d’un costume impeccable et ses cheveux argentés bien peignés, il aborde deux salariés, tentant de créer un dialogue : « J’ai visité votre entreprise : sympa et pro ! », lance-t-il avec enthousiasme. Mais les employés, perplexes, ne reconnaissent pas l’homme qui avait négocié le Brexit pour l’UE. « Michel Barnier, candidat à la présidence de la République ! », finit-il par se présenter, conscient de l’incompréhension.
Cet épisode symbolise une réalité : si Barnier est une figure influente à Bruxelles, sa notoriété nationale reste limitée. Cependant, son expérience diplomatique, forgée à travers des décennies de négociations internationales, sera cruciale dans les semaines à venir.
Un défi immense : rassembler une Assemblée fracturée
La tâche qui l’attend s’annonce ardue. Avec une Assemblée nationale divisée, Barnier devra mobiliser tout son talent de négociateur pour instaurer un climat de consensus. « Michel ne mesure pas encore la dégradation du débat public en France, cela risque d’être un choc », prévient un proche. Habitué à la rigueur et à la technicité des discussions européennes, il devra désormais composer avec une scène politique française de plus en plus polarisée.
Les réactions à sa nomination n’ont d’ailleurs pas tardé. Le groupe socialiste, par la voix de ses 66 députés, a annoncé une motion de censure. « Michel Barnier ne dispose ni de la légitimité politique, ni de la légitimité républicaine. Cette situation d’une extrême gravité n’est pas acceptable pour les démocrates que nous sommes », ont-ils déclaré dans un communiqué.
Un homme de consensus à l’épreuve de Matignon
Alors que Barnier s’installe à Matignon, une question demeure : pourra-t-il rétablir la confiance et apaiser les tensions au sein d’une Assemblée profondément fracturée ? S’il a fait ses preuves sur la scène européenne, la politique intérieure française, marquée par des débats vifs et souvent houleux, représente un tout autre terrain. Les semaines à venir seront décisives, tant pour l’avenir de son mandat que pour l’équilibre politique du pays.
Michel Barnier, homme de consensus, saura-t-il surmonter ces obstacles et s’imposer en tant que leader unificateur ? Toutes ces réponses se dessinent encore dans l’incertitude.
